Projet PÆNDORA

De nombreux projets de recherche se sont penchés ces dernières années sur le développement d’outils d’aide à la décision à destination des collectivités pour la prise en compte des thématiques énergie et climat dans les pratiques de l’urbanisme (notamment suite à la LTECV, les collectivités de plus de 20 000 habitants devant élaborer des PCAET).

Si le volet atténuation de ces stratégies est aujourd’hui bien encadré d’un point de vue méthodologique, celui relatif à l’adaptation – du fait sans doute de son caractère plus transversal – peine encore à s’affirmer comme un champ pertinent et autonome de l’action publique locale.

Parmi ces projets de recherche, le projet MApUCE (2014-2019), financé par l’Agence Nationale de la Recherche, a été le cadre d’une enquête lancée auprès des agences d’urbanisme du réseau FNAU, partenaire du projet depuis ses débuts. Cette enquête a permis de poser un état des lieux (2015) de la prise en main des enjeux énergétiques et climatiques (volets atténuation et adaptation) par les agences d’urbanisme dans le cadre de leurs missions. Ce premier bilan, auquel 25 agences ont participé, a révélé des pratiques riches et plurielles, mais souvent partielles et/ou fragmentaires. Il a permis aussi d’identifier des verrous scientifiques, en lien avec le manque de données et d’outils adaptés aux pratiques en urbanisme et le besoin d’une montée en compétence des acteurs sur les thématiques énergie-climat, et en particulier sur le sujet de l’adaptation au changement climatique.

Forts de ce constat, l’ADEME, le CNRS et l’agence d’urbanisme et d’aménagement Toulouse aire métropolitaine (AUAT) ont ainsi impulsé le programme de recherche appliquée PÆNDORA (Planification, Adaptation, Énergie : Données Territoriales et Accompagnement, Erreur ! Source du renvoi introuvable.), qui vise le transfert vers l’opérationnel d’un certain nombre de résultats du projet MApUCE

Le projet PÆNDORA avait pour ambition de développer et appliquer une approche générique de production de données urbaine à l’échelle des îlots urbains (les pâtés de maisons), de les appliquer pour un domaine métier (l’îlot de chaleur urbain), et, le cas échéant en s’appuyant sur ces données, poursuivre le travail sur des méthodologies d’accompagnement des acteurs de l’urbanisme vis-à-vis de l’adaptation au changement climatique.

Afin d’atteindre ces objectifs, il était nécessaire d’avoir un partenariat regroupant à la fois l’ensemble des compétences nécessaires et l’expérience des projets radicalement transdisciplinaires. Ce partenariat était composé de 3 laboratoires de recherche en météorologie, géomatique et urbanisme : du Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM - UMR3589), le Laboratoire des Sciences et Techniques de l’Information, de la Communication et de la Connaissance (LabSTICC - UMR 6285), le Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires (LISST – UMR 5193). Le quatrième partenaire, acteur de la ville était l’agence d’urbanisme et d’Aménagement Toulouse Aire Urbaine (AUAT), représentant la Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme (FNAU).

Afin de calculer de très nombreux d’indicateurs morphologiques et micro-climatiques (comme les Local Climate Zones), une chaîne de calcul d’indicateurs urbains, GeoClimate, a été élaborée. Elle permet d’utiliser à la fois la BDTopo V2.2 de l’IGN, et OpenStreetMap. Son utilisation par les acteurs, que ce soit par exemple en agence d’urbanisme ou bureau d’études, est facilitée par l’intégration des aspects géospatiaux dans le logiciel libre Dbeaver, qui permet la visualisation et l’exploitation de la chaîne. Sur un cas d’application métier sur l’îlot de chaleur sur l’EuroMétropole de Strasbourg des retours d’expérience de bureaux d’études et de la collectivité ont permis d’améliorer GeoClimate.

Afin d’accompagner les collectivités, nous avons approfondi le transfert d’informations climatologiques. Aux échelles locales, au sens description des phénomènes météorologiques typiques influençant la ville, des fiches décrivant les types de temps sensible ont été édités pour 50 villes différentes. À l’échelle urbaine, un indicateur d’îlot de chaleur d’été facilement exploitable en agence d’urbanisme a été conçu, utilisant des données déjà connues ainsi que des cartes de LCZ issues du projet, mobilisables quand l’on dispose des données de la Bdtopo. Enfin, une réflexion sur la représentation graphique des informations pertinentes a été menée.
Un kit sur les données clés de l’adaptation a été publié sous le format d’un guide ADEME, qui offre une vision des pratiques de planification actuelles et des méthodologies d’accompagnement. Ce guide présente les questions repères et un regard critique (cohérence et marge de manœuvre) des données mobilisées, en faveur d’une vision compréhensible et proactive de l’adaptation. Les enseignements de ce kit ont été mis en œuvre dans un exercice de “PLUi augmenté” sur l’agglomération de Toulouse Métropole.
Enfin, un exercice de suivi des pratiques des agences d’urbanisme a été mené, et a montré une amélioration depuis 2015 de la prise en compte de l’adaptation dans la planification urbaine. Une veille juridique est pérennisée sur ces questions, via la mise en place d’une collaboration pérenne au niveau de la FNAU avec le bulletin juridique de l’a’urba de Bordeaux.