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Questions sur les mécanismes des tempêtes METEO-FRANCE

5   Par où passent les dépressions ? (4): les changements de périodes



  Figure 5 :Tempêtes et dépressions survenues sur l'Europe de l'Ouest et le Proche Atlantique entre 1989 et 1994, pendant les mois de janvier et février (petites flèches vertes). Les grandes flèches surmontées des lettres ZO, GA et BL indiquent la configuration du rail des dépressions: BL pour blocage (fig. 3). ZO et GA pour des configurations ouest-est (fig. 4). On retrouve l'hiver mouvementé 1989-1990, mais la tendance n'est pas à une augmentation visible des tempêtes. Les transitions d'une configuration à une autre ne semblent guère régulières. Figure due à F. Ayrault, Météo-France.  

  Et maintenant, une idée essentielle, caractéristique de la météorologie et plus généralement, de la physique du complexe. Pour sa compréhension des phénomènes, l'esprit humain aspire à des explications simples en termes d'effets créés par des causes «extérieures» . En fait, ce n'est jamais vraiment possible en météorologie. Pour en revenir aux dépressions, on voudrait, pour une explication facile, que le rail soit piloté de «l'extérieur» . On voudrait pouvoir dire que le rail est comme-ci parce que l'océan est plus chaud (voir fig. 34); ou comme ça parce que le pôle est plus froid; ou encore, pour être à la mode, parce qu'on est x temps après (ou avant) un épisode El Niño ou autre vaste anomalie lente. Sans doute des paramètres extérieurs interviennent-ils pour une part dans l'explication de l'intensité du rail, voire sa position, mais ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel est que, si le rail oriente et détermine la force de chaque dépression, celles-ci, en retour, déforment, déplacent, cassent ou allongent le rail. Elles restituent alors une partie de l'énergie qu'elles avaient puisée lors de leur développement. Le rail tient les dépressions et les dépressions tiennent le rail. En jargon, on parle d'interaction non-linéaire entre ces structures.

Cette propriété s'appelle
la variabilité d'un système dynamique. Quelle image plus proche de la vie quotidienne trouver pour faire comprendre la chose ? Et bien, regardez les gens autour de vous dans la rue ou ailleurs: la diversité des tailles, des teints, des formes de visages, des proportions des membres, la diversité des «anomalies» aussi, car elles font partie des choses possibles, des mains de six doigts par exemple. Or, depuis une quinzaine de milliers d'années, l'environnement de l'espèce humaine n'a guère évolué: ces variations qui nous semblent infinies de notre physique ne dependent guère du milieu, d'effets extérieurs. Elles expriment la variabilité contenue dans quelques uns de nos gènes, et cela comprend aussi de rares mais réelles bizarreries.

Cette explication n'est pas «facile» pour notre esprit: on ne peut désigner d'un doigt accusateur un paramètre coupable. Elle est la seule vraie, la seule honnête. Il reste, bien sûr, des secrets à percer sur cette interaction, mais l'essentiel est dit. Les différences d'évolution ne dépendent pas de façon obligatoire d'un paramètre extérieur, elles dépendent d'abord de processus internes entre les composantes du rail, qui peuvent donner une vaste gamme de configurations et d'événements possibles (fig. 
5).
 


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Version du 13 mars 2000

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