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Questions sur les mécanismes des tempêtes METEO-FRANCE

26   Pourquoi la prévision des tempêtes reste-t-elle difficile ?



  Figure 37 :Ces cartes représentent une simulation simplifiée d'une dépression de grande échelle dans un courant-jet, à 12 h d'intervalle. La situation est montrée par la pression (isolignes noires) et la température (isolignes rouges). Les surfaces en couleur représentent l'incertitude de la prévision (l'écart-type d'erreur de prévision de température): on peut en effet en calculer l'évolution sous certaines hypothèses. Douze heures avant la carte du haut, l'incertitude était assez faible et elle était la même partout (fond jaune). Douze heures plus tard, l'incertitude a cru tout au long du courant-jet. Encore douze heures après, elle est devenue très forte dans les régions frontales (en bas), avec des valeurs suffisantes pour dissimuler une petite dépression entière. Selon ce type de calcul très général, à l'intérieur de ces zones, il n'est pas possible, au-delà de 24 h, de savoir si une petite dépression se trouvera là ou non: c'est une propriété de l'atmosphère. Le moteur atmosphérique est aussi un générateur d'incertitude. Pour contrer ce processus «naturel» , il existe un seul moyen: réduire l'incertitude initiale avec davantage d'observations et leur meilleure utilisation.  

  On entrevoit, dans le fonctionnement d'une dépression (Question 6, par exemple), que la prévision d'une tempête consiste donc à bien connaître l'état du rail (structure de grande échelle) mais surtout à bien situer les tourbillons précurseurs, souvent des débris de dépressions anciennes. Commettre une petite erreur de positionnement relatif des tourbillons précurseurs peut conduire à une prévision d'une unique grosse tempête demain (le moteur est bien configuré) ou à celle de deux petites (le moteur est mal fichu).

L'atmosphère possède une propriété, comme tout système physique, qu'on appelle sa
prévisibilité. Cette propriété dépend du temps qu'il fait, de la situation du jour, à un point qu'on ne soupçonnait pas voici vingt ans. La prévisibilité ne se manifeste à nous qu'à travers ses conséquences dans la représentation numérique que nous faisons de l'atmosphère pour pouvoir prévoir le temps. Dans la représentation numérique, les mécanismes dynamiques qui créent des dépressions et des tempêtes créent aussi de l'incertitude. Cette incertitude dans les prévisions dépend de deux choses:
  • de l'état de l'atmosphère, la situation courante: nous n'avons aucun contrôle de cette prévisibilité intrinsèque, propriété de la nature. Nous savons, toutefois, qu'un courant-jet intense conduit à une tempête intense (dans la nature) et il conduit à un accroissement intense des incertitudes dans les prévisions (dans la simulation);
  • de l'incertitude sur le temps qu'il fait au moment où commence la prévision: nous avons un certain contrôle de cette incertitude «initiale» , à travers les mesures du temps et l'emploi que nous en faisons.
Soyons un peu plus précis sur ce qui arrive pendant une prévision numérique (son principe est expliqué en 25). Pour une bonne prévision, il faut empêcher certaines solutions possibles au sein de l'univers simulé, à l'amplitude initiale à peine mesurable et très incertaine, de s'amplifier et de détériorer la prévision. Le temps qu'il fait ne peut-être connu de manière exacte: il existe donc une certaine incertitude. On peut la quantifier par un paramètre statistique, par exemple un écart-type d'erreur. Il est alors possible de calculer comment l'atmosphère modifie cette incertitude initiale (fig. 37). Sur une durée de l'ordre du jour, l'incertitude double tout le long du courant-jet. Elle croît encore plus vite dans les fronts en formation. Ces fortes incertitudes sont assez localisées: on peut espérer les limiter par des observations bien situées (voir question 27).

Bref, le météorologiste dira qu'il lui faut bien connaitre le temps qu'il fait, «bien» voulant dire de manière vraiment très précise en certains endroits critiques, comme un courant-jet intense.

Ce n'est pas tout: il faut aussi bien décrire les mécanismes internes du moteur. Le météorologiste dira qu'il faut un bon modèle de l'atmosphère couvrant aussi bien le rail entier (et au-delà) que le moindre tourbillon (voir la réponse à 
25 pour quelques éléments sur les modèles d'atmopshère).
 


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Version du 13 mars 2000

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